mercredi 27 avril 2016

Interview Portrait Chinois : Victor Boissel

Cette semaine, je vous propose d'en savoir un peu plus (ou pas ^^) sur Victor Boissel, l'auteur d'Habeas Corpus : la perfection a un prix (si vous aviez loupé ma chronique c'est par ici =>http://aubazaardeslivres.blogspot.fr/2016/01/habeas-corpus-la-perfection-un-prix.html

Bonjour Victor, tout d’abord, merci à toi d’avoir accepté de te prêter au jeu. Avant de commencer à répondre aux questions, parles nous un peu de toi, peux-tu te présenter à mes lecteurs ?

Bonjour Delphine, et encore merci pour ta superbe initiative de #JeudiAutoÉdition que tu mènes avec énergie et grâce, c’est très stimulant et ton enthousiasme est communicatif.

Tu es libre de répondre aux questions comme tu le souhaites, en donnant des détails
ou pas.

Oui, tu l’as compris. Je suis libre. Nahahahahaha !

1 – Si tu étais un pays ?
Si j’étais un pays, je pourrais être :
— le pays des merveilles d’Alice, avec tout ce qu’il comporte de fantasmagorique et d’inquiétant
— le pays imaginaire de Peter Pan, pour son libre cours à l’égoïsme et l’éternelle jeunesse
— l’Empire babylonien d’Hammurabi qui a hébergé les débuts de mes Parias de Babylone
— l’Āryāvarta, qui a vu naître Arya, leur première héroïne

Mais si je devais trancher et ne pouvais en choisir qu’un, ce serait (si tant est que l’on puisse le désigner comme un pays) la civilisation de la vallée de l’Indus, dont Arya est l’héritière.
Parce que ce peuple incroyable est inspirant, plusieurs millénaires avant notre ère, ses représentants fabriquaient des bâtisses avec des briques cuites, pavaient leurs rues, exploitaient un système d’égouts perfectionné… jusqu'à leur subite disparition, dix-neuf siècles avant notre ère. Fait notable, une atrophie de tout ce qui a trait au militaire : ni fort ni fortification… pourtant ce n’est pas la guerre qui les a conduits à leur perte, c’est autre chose. Mais ceci est une autre histoire ;p

2 – Si tu étais un défaut ?
Démasqué ;p Je suis en effet un défaut…
Bien, cela étant posé, si j’étais un défaut, je serais le manichéisme. Bien sûr je suis conscient qu’il n’y a que des nuances de gris, que le noir et le blanc sont des abstractions confortables, mais si c’est valable pour mon cerveau qui pense, ça l’est moins pour mon coeur qui ressent. Ce coeur déraisonnable par essence et qui décide d’embrasser passionnément ceci et d’incinérer sans regrets cela. Ce que je gagne en honnêteté je le perds en souplesse.

3 – Si tu étais un adage ?
« Au royaume des aveugles, personne n’a jamais vu le roi. » (Un extrait d’un recueil d’aphorismes que j’avais écrit sous le titre « Les proverbes chinois »)

4 – Si tu étais un objet du quotidien ?
Un objet. Dans la dichotomie matériel/immatériel, je cherche essentiellement mon salut du côté de l’intangible. Et paradoxalement, c’est avec des objets que l’on produit de l’intangible.
Avec la plume que l’on écrit des histoires, avec le piano que l’on interprète une sonate, avec le larynx et les cordes vocales que l’on donne vie à une chanson. Et l’histoire, la sonate et la chanson ne se trouvent nulle part alors qu’on peut aisément localiser une plume, un piano et un larynx.
Je crois ne vivre que pour l’histoire, la sonate et la chanson.
Et si je devais choisir d’être un objet, je serais l’un de ceux qui rendent possible leur création.

5 – Si tu étais un animal ?
Je suis un animal. Un mammifère, omnivore, un homo sapiens, mais je suis aussi, surtout ?, un écosystème. Il y a en « moi » plus de bactéries que de cellules qui me composent. J’ai un patrimoine génétique d’homo sapiens, mes bactéries ont le leur. Et mes mitochondries un autre encore. Si on me retire mes bactéries ou mes mitochondries, je meurs. Je ne suis que grâce à elles, avant de l’être grâce aux aliments que j’ingère. Alors sont-elles incluses dans mon « je » ? Si oui, je suis bactérie, je suis mitochondrie.
Plus prosaïquement, si j’étais un animal, je serais un chien. Merveilleuse espèce qui s’est associée aux hommes il y a plus de 30 000 ans, je vois en elle une version plus généreuse de l’humanité.

Dernière chose, un petit mot pour les lecteurs du blog ?
L’initiative que tu as prise avec le #JeudiAutoÉdition, je le répète, est enthousiasmante et j’aimerais apporter une précision qui m’est propre et que peut-être d’autres partageront.
L’auto-édition est un canal. Au même titre que l’édition traditionnelle. Le blog. Les correspondances épistolaires.
Il n’existe à mon sens aucun canal qui atteste de la qualité d’une oeuvre. D’abord parce que la notion même de qualité dépend avant tout de l’oeil qui contemple. Ensuite parce que les canaux sont pilotés par des humains qui, comme tous les humains, sont imparfaits.
Il y a donc une variété d’oeuvres et une variété de canaux. Le lecteur qui cherche la qualité propre à ses yeux devra fouiller les canaux, trier ce que seront pour lui le bon grain et l’ivraie. Et dans tous les canaux, je lui prédis qu’il trouvera et le bon grain et l’ivraie.
Parmi les plus beaux textes qu’il m’ait été donné de lire, je compte un écrit à mi-chemin entre le journal intime et les mémoires. C’est une de mes amies qui l’avait signé, sans compter le publier, sans y croire. Qui aurait eu le droit de décréter que son texte était de bonne ou de mauvaise qualité ? Si elle avait décidé de le publier sur un blog, l’intégrité du texte n’aurait pas été atteinte, aurait-il été accueilli de la même manière que s’il s’était trouvé sur les majestueux rayons d’une librairie ?
La réponse est dans la question. L’intégrité du texte n’aurait pas été atteinte.
Par ailleurs, un texte peut naviguer entre les canaux et les supports. Commencer dans une correspondance, se poursuivre dans un carnet, s’épanouir dans un blog, s’auto-éditer, s’éditer dans une maison traditionnelle. Le support ou le canal ne garantissant en rien la beauté, le succès, la manière dont un lecteur sera touché.
Et c’est le cas de l’auto-édition, on y trouvera du bon grain et de l’ivraie. Et celui qui croit n’y trouver que du bon grain se trompe tout autant que celui qui croit n’y trouver que de l’ivraie.
En synthèse, mon message est le suivant : la qualité se trouve dans l’oeil qui contemple et le contenu d’un texte, mieux, dans leur rencontre. Si le moyen qui a rendu cette rencontre possible est une agence matrimoniale, une application sur téléphone portable, un dîner entre amis ou une coïncidence, peu importe, si la rencontre est belle, elle est belle. Et le canal n’y est pour rien.

Retrouvez ici le site officiel d'Habeas Corpus



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