Aujourd'hui, c'est Elsa Chapelier qui se prête au jeu de l'interview Portrait Chinois. Si vous ne la connaissez pas, c'est l'auteure du magnifique "Naissance d'une étoile" que j'avais chroniqué ici => http://aubazaardeslivres.blogspot.fr/2016/02/naissance-dune-etoile-elsa-chapelier.html)
Bonjour Elsa, tout d’abord, merci à toi d’avoir accepté de te
prêter au jeu. Avant de commencer à répondre aux questions, peux-tu nous parler
un peu de toi ?
Peux-tu te présenter à mes lecteurs ?
Hihi ! Merci beaucoup pour cette opportunité ! Eh bien
cette question arrive à point nommé.
Cette année est celle de mes 40 ans et de toute évidence, parvenue à ce stade, je ne sais plus grand chose de
moi. Je m’observe donc d’un œil attentif en me demandant en quelle espèce de
créature je suis en train de muter. De vieux schémas sont en train de tomber
qu’il me faut remplacer dare-dare avant que la brèche ne se referme. Et c’est
très excitant, croyez-moi ! A part ça, sur le papier : j’ai longtemps
travaillé comme formatrice-consultante (c’est moins vrai à ce jour,
d’ailleurs je commence tout doucement à oublier ce que j’ai bien pu ‘consulter’,
même si dans l’ensemble j’ai adoré).
J’ai deux fils (bientôt 15 et 10 ans) qui sont en passe de me
remercier pour mes bons et loyaux services et deux toutous pour qui, dieu
merci, je demeure une indétrônable déesse.
Bref tout ce petit monde m’occupe, et je les aime beaucoup, mais j’aime aussi d’un amour sans nom mes activités
secrètes (non parce que mon entourage n’est pas au courant, mais parce que cela
reste très solitaire ; la lecture, l’écriture, qui sont les doublures du
réel sans lesquelles je suis absolument incapable de comprendre et concevoir ma
vie). Donc, en gros, si vous voulez que je meure demain, empêchez-moi de me
livrer à ces activités. Je vous signale d’ores et déjà avec beaucoup de
bienveillance que votre éventuelle tentative de dissuasion connaitra un échec
cuisant.
Tu es libre de répondre aux questions comme tu le souhaites, en
donnant des détails ou pas.
1 – Si tu étais un animal ?
Sans hésitation : un loup. Silencieux, protecteur. Un gardien
du seuil. Je choisis le loup pour sa vivacité, son intelligence instinctive,
mais aussi pour sa méfiance, son inaltérable goût pour la liberté et la solitude.
Ce qui ne m’empêche pas de conter pâquerettes-fleurettes, comme vous le
constaterez dans quelques instants. Mais ceci pour illustrer l’un de mes côtés les plus sombres, et peut-être,
inquiétants.
2 – Si tu étais une région ?
Alors, entre l’est et l’ouest mon cœur balance. J’aime les terres
de légendes et j’ai eu la chance de voir le jour dans une région, l’Alsace, qui
est un formidable vivier à ce niveau-là, outre sa
joliesse et l’aspect «conte de fées» de ses charmants villages. Les traditions
y sont fortes et les symboles encore très puissants et porteurs de sens (malgré un certain
conservatisme ambiant) ; il me manque peut-être parfois le côté vivifiant,
dynamisant, d’un mystère plus sauvage. Ce que m’offre par exemple la Bretagne,
que j’apprécie tout particulièrement.
3 – Si tu étais un sentiment ?
L’amour. Parce que rien de grand ni de beau ne s’accomplit sans l’Eros. Cette force démentielle « qui
pousse vers » ; une personne, la nature, des idées (ou tout cela à la
fois !) avec désir, curiosité, joie, enthousiasme, courage, compassion. Je
suis pour. Fondamentalement. Se maintenir dans cet état n’est pas toujours
possible, ni forcément souhaitable d’ailleurs, mais cela ne m’empêche pas de
penser que c’est le seul état qui en vaut réellement
la peine.
4 – Si tu étais une fleur ?
J’ai toujours vécu entourée de fleurs. Petite, il y avait autour
de ma maison quantité de champs de fleurs sauvages (bleuets, coquelicots,
marguerites) dans lesquels j’allais régulièrement jouer et qui ont été à la
base de nombreuses rêveries et, allons-y carrément, de visions créatrices. Mais
si je devais choisir une fleur, ce serait le myosotis (étymologiquement,
‘oreille de souris’) pour sa discrétion et sa délicatesse. Un parfait micro cosmos à mon sens. Une petite oreille qui écoute les bruits du monde,
accueille les confidences et se tient autant que possible loin des médisances.
Cette fleur me correspond bien. Dans la vie j’écoute davantage que je parle et
j’aime accueillir ce qui m’est confié comme un cadeau que l’on me fait.
5 – Si tu étais une qualité ?
La douceur. Parce que je n’aime pas ce qui casse, coupe, déchire,
oppose. Même si, et c’est l’un des
grands paradoxes de la vie, le conflit est nécessaire pour avancer. Tout
changement, chaque nouvelle étape significative de notre vie engendre un
conflit entre soi-même et soi-même, les autres, le monde. (Conflit par lequel, idéalement, on tentera de sortir «par le haut»). Mais dans l’intervalle, et si je
me laisse le choix, j’aime - plutôt que ce qui oppose - ce qui accompagne d’un
geste ou d’une parole amicale, ce qui soutient, soulage, admire, caresse,
englobe.
Merci Elsa pour tes réponses. Dernière chose, un petit mot pour
les lecteurs du blog ?
Un petit mot pour toi déjà, Delphine. Tu as été mon premier
contact sur twitter (le seul réseau social que je fréquente…). Enfin peut-être pas le tout
« premier-premier » mais en tout cas le premier qui m’a fait me sentir
en face d’une personne avec qui échanger «pour de vrai» et construire quelque chose. D’ailleurs que de
chemin parcouru depuis pour l’ensemble d’entre nous ! Et pour cela :
un grand merci !
Alors, chers lecteurs du blog, «Lisez, c’est bon pour la santé !».
Une récente étude affirme que les lecteurs auraient tendance à vivre plus
longtemps, ce qui très franchement tombe sous le sens. Comment accepter le
tomber du rideau avant de connaître le fin mot de l’histoire ? Mais si
vous lisez ces quelques mots c’est que vous êtes déjà acquis à cette cause,
non ?
Et pour finir, je vais reprendre
un argument qui a déjà été avancé par bien d’autres que moi. Bien sûr que l’on écrit pour soi dans un
premier temps, sans se soucier de la réception qui sera faite au texte. Mais
vient le moment du partage, et là, c’est vraiment magique d’échanger, de
pouvoir trouver un écho à ce que l’on a créé en y mettant
beaucoup de nous-même. Donc, un grand merci à vous,
lecteurs que je connais, ou lecteurs encore sans visage. Vous êtes ma plus
belle récompense.
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